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COMMENT CONDUIRE UNE RALLYE 2

Article de la Chronique REVUE ECHAPPEMENT 1973

 
Gonfler un moteur n'est pas toujours la meilleure solution et c'est souvent la plus couteuse. Alors comment gagner des secondes ?
Ragnotti vous dira qu'il suffit d'attaquer plus fort et la relecture des numéros d'Echappement de l'année 1970 vous confirmera que quand notre cher Jeannot commençait à défrayer la chronique sportive avec ses exploits c'était au volant d'une simple Opel Kadett de série, sans options, sans pneus spéciaux.
Enfin, comme il n'est pas égoïste il vous livre ses petits secrets chaque mois dans Echappement.
Après avoir évoqué le mois dernier ses débuts, et donné quelques conseils généraux de pilotage, il se penche aujourd'hui sur la conduite des voitures à moteur et transmission arrière.
Quel meilleur exemple choisir que celui de la SIMCA RALLYE 2

 
Si j'ai choisi de parler de la Rallye 2 c'est parce que c'est la voiture la plus populaire parmi les jeunes et aussi parce que je la connais bien. Essayée dans la numéro 49 de votre revue préférée, elle démontra d 'étonnantes qualités sportives. Quant à sa robustesse, à sa valeur à l'usage vous avez pu vous en faire une idée en lisant notre rubrique " que pensez vous de votre voiture " où de nombreux lecteurs ont donné leur impressions après quelques dizaines de milliers de kilomètres d 'utilisation.

Invité par le SRT lors de la concentration SIMCA RACING TEAM de Nogaro, je me suis rendu là-bas en Rallye 2. Je peux vous dire qu'en passant par les petites départementales sinueuses à l'écart des radars, on fait de bonnes moyennes en Rallye2. Elle est nerveuse, parfaitement neutre dans les grandes courbes, légèrement sous vireuse dans les virages serrés. Bien qu'attaquant fort, freinant tard et fort, je n'ai pas pu prendre les freins en défaut. Quant à la boîte de vitesses je ne lui reproche qu'un léger manque de rapidité.

Pour tourner sur le circuit il est nécessaire de surgonfler les pneus. Ceci afin que, les structures métalliques se déformant moins, le pneu chauffe moins et continue, même en appui, à travailler plus sur sa bande de roulement que sur ses flancs et ses épaules. Surgonfler n'est pas seulement une sécurité et une mesure préventive contre les tonneaux, c'est aussi un moyen de limiter l'usure du pneu. Nous adoptons 2.8bar à l'avant et 3.2bar à l'arrière, alors que d 'origine, les pressions prescrites par le constructeur pour un usage normal sont de 1.1bar à l'avant et de 1.8bar à l'arrière. On a donc non seulement augmenté la pression de plus de 1.5bar, amis réduit l'écart entre l'avant et l'arrière, ceci afin de donner plus d 'adhérence (donc moins de sous virage ) au train avant, en le surgonflant un peu plus que l'arrière. Mais nous reviendrons un jour plus longuement sur ces délicats problèmes de gonflage car en fait le problème est beaucoup plus compliqué que cela et il ne suffit pas de gonfler les pneus avant d'une voiture pour corriger son défaut. Si nous pouvions jouer sur les réglages de suspension de la Rallye2 il faudrait aussi assouplir le train avant. Plus un train est souple, plus il a d'adhérence...

Mais revenons sur terre et n'allez surtout pas vous imaginer qu'avec nos pressions de gonflage nous avons transfiguré le comportement de la Rallye 2. Nous avons légèrement atténué son instinct sous vireur, c'est tout. Et d 'ailleurs, pour bien faire il faudrait chercher en modifiant de 0.1bar par 0.1bar, les pressions idéales, qui ne sont pas exactement les miennes.

Ce qu'il faut maintenant, c'est s'adapter au comportement de la voiture. Or la Rallye2, shématiquement c'est avant tout un train arrière fantastique et un mauvais train avant.

Heureusement, la direction est bonne, précise et douce et il faut en profiter pour ruser avec ce train avant qui a trop tendance à se dérober pendant que l'arrière de la voiture s'accroche au macadam. Il ne faut surtout pas brusquer la Rallye2 mai au contraire la conduire tout en finesse, avec doigté, un peu comme on fait avec une monoplace ou un prototype si vous voulez.

A l'approche du virage, on peut freiner tard, mais pas trop tout de même à cause du risque de sous virage. Donc éviter surtout les blocages de roues et au moment précis où la bonne trajectoire vous impose de quitter le bord extérieur de la piste pour viser la corde, mettez la voiture en appui sur les roues extérieures, avec franchise mais sans brusquerie en braquant tout à fait en fin de freinage profitant de ce que l'arrière de la voiture est délesté, tout le poids étant sur les roues avant. Si cela est bien fait, elle ne sousvirera pas. Au contraire, l'arrière de la voiture étant délesté du fait du freinage qui a créé un transfert des masses à l'avant, elle va avoir tendance à survirer (à partir de l'arrière) : il faut l'en empêcher car glisser est une perte de temps et un gros travers fera chuter sérieusement le chronomètre. Maintenez vous sur ce difficile fil d 'équilibre entre survirage te sousvirage, sur la bonne trajectoire et surtout, songez à réaccélérer le plus tôt possible. Car plutôt vous aurez accéléré, plus grande sera la vitesse que vous atteindrez dans la ligne droite, avant le prochain freinage. Cela reste valable même si la ligne droite qui suit le virage est très courte : un dixième est un dixième et c'est en grignotant des dixièmes un peu partout qu'on finit par gagner des secondes !

 
JEAN RAGNOTTI